Communiqués de presse

Nikol Pashinyan a répondu aux questions des députés lors de la session plénière de l'APCE

11.04.2019

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Question: Monsieur le Premier ministre, vous avez évoqué les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en quelques mots. Mais l’Azerbaïdjan n’est pas le seul pays de la région, il existe aussi d’autres pays. Je pense qu'il y a aussi des problèmes dans vos relations avec les autres voisins. Êtes-vous satisfait du niveau actuel des relations avec eux, et si non, qu'allez-vous faire dans ce sens?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Oui, nous avons des voisins avec qui nos relations ne sont pas très bonnes, mais nous avons aussi des voisins avec qui nos relations sont bonnes et même très bonnes. Je parle en particulier de la Géorgie et de l’Iran, avec lesquels nous entretenons des relations de haut niveau. Nous essayons de développer nos relations davantage. Bien sûr, vous savez que, malheureusement, nous n’avons pas de relations diplomatiques avec l’Azerbaïdjan et la Turquie, ce qui explique tout. Je pense que le cas de l'Azerbaïdjan est clair pour nous tous. La situation de la Turquie est un peu différente parce que la Turquie lie le fait d’établir des relations avec l’Arménie à nos relations avec l’Azerbaïdjan. L'Arménie, à son tour, n'a pas changé de position. Nous avons dit que nous sommes prêts à établir des relations avec la Turquie sans conditions préalables. En ce qui concerne nos relations avec l'Azerbaïdjan, j'ai déjà présenté notre vision et je voudrais souligner que nous imaginons de nos relations avec l'Azerbaïdjan ainsi que avec nos autres voisins dans le cadre de l’ordre du jour de paix. Je suis heureux que, lors de nos activités, notre gouvernement ait réussi à mettre l'ordre du jour de paix sur notre table de relations. Merci.

Question: Merci, Monsieur le Premier ministre, de présenter le parcours et les succès de votre pays. Je vous félicite et vous demande ce qui se passe dans les affaires pénales concernant d'anciens hommes politiques et comment la justice est garantie dans ces affaires.

Premier ministre Nikol Pashinyan: Merci pour la question, le problème de la justice aujourd'hui est le plus urgent pour nous, pour notre pays, pour notre gouvernement, car une révolution a eu lieu dans le système politique arménien, mais la révolution ne s'est pas produite dans le système judiciaire. Je peux vous assurer qu’avoir un système judiciaire parfaitement légitime, dont les décisions et les jugements sont fiables, non seulement pour la société arménienne, mais également pour la communauté internationale, est d’une importance cruciale pour nous. Et récemment, quand une délégation de l'Union européenne est venue en Arménie et ils ont écouté notre position sur la mise en place d'un système judiciaire indépendant, ils m'ont posé une question très simple: Quelle est votre summum pour créer l'indépendance du pouvoir judiciaire? Et j'ai répondu très clairement que, sur la voie d'un système judiciaire indépendant, nous sommes prêts à aller jusqu'au bout, car nous comprenons que sans un pouvoir judiciaire indépendant, nous ne pouvons garantir la fin et l'irréversibilité du renforcement institutionnel et continu de notre démocratie. Avons-nous un tel système judiciaire aujourd'hui? Malheureusement, je ne peux pas vous donner une garantie à 100%. Je peux vous garantir à 100% que notre gouvernement a abandonné la pratique existante lorsque le système judiciaire était guidé par le gouvernement. Nous avons complètement abandonné cette pratique. Cela peut sembler un peu étrange, mais par exemple, je ne suis pas sûr à 100% que d’autres leviers d’influence sur le système judiciaire n’ont pas été maintenus jusqu’à présent. Et je n'ai pas la certitude qu'il n'y a pas de corruption dans notre système judiciaire car, par exemple, il y a quelques jours à peine, un juge en Arménie a été arrêté alors qu'il recevait un pot-de-vin. Mais n’ayez pas de doutes sur le fait que nous sommes pleinement attachés au programme d’un système judiciaire indépendant. Merci.

Question: Monsieur le Premier ministre, je voudrais vous poser une question sur les relations avec l'Iran. L'Iran a des relations multiformes avec l'Europe. Comment imaginez-vous l’évolution des relations entre l’Arménie et l’Iran, notamment dans le contexte de la coopération avec l’Union européenne?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Je peux dire que dans tous mes contacts avec de hauts fonctionnaires européens, j'ai constaté que nos partenaires européens comprenaient l'importance des relations arméno-iraniennes et sont d'accord avec notre vision de maintenir et de développer de bonnes relations. En ce qui concerne la situation internationale autour de l’Iran, comme vous le savez, nous sommes dans une situation si difficile lorsque nos amis sont sur les côtés des contradictions politiques. C'est-à-dire, et sur ce côté de la ligne, et sur l'autre côté de la ligne sont nos amis. Et, bien sûr, notre espoir, notre appel et notre désir sont que les controverses politiques, comme dans d’autres cas, se résolvent également dans la logique du dialogue. Et franchement, pendant de tous nos contacts avec nos collègues européens, j'ai vu cette même perception et cette même conscience. Bien sûr, c’est pas avec tout le monde que j'ai réussi à communiquer personnellement, mais avec nos partenaires de l'UE, nous avons trouvé un consensus sur cette. Merci.

Question: En avril 2018, cette Assemblée a adopté mon rapport sur la criminalité organisée, sur les actifs légaux et sur la facilitation de la procédure de saisie immobilière. Je sais que la lutte contre la criminalité est l'une des priorités de votre gouvernement. Pouvez-vous nous dire comment envisagez-vous votre coopération avec les partenaires internationaux dans ce domaine en termes d'application des meilleures pratiques internationales?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Merci beaucoup pour cette question, car il était très important qu'une telle question soit posée à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Parce que maintenant en Arménie, nous discutons de la question de savoir si l’adoption de l’institut de saisie immobilière sans verdicte de culpabilité sera-t-elle acceptable pour notre pays? Et à ce propos, il existe de sérieuses préoccupations en Arménie, ainsi que parmi les représentants de l'ancien gouvernement et j’estime important de noter que cette pratique est non seulement une pratique internationalement acceptée, mais elle est également dans le cadre des engagements internationaux de Arménie depuis 2015, y compris devant le Conseil de l'Europe. Je voudrais noter que ce mécanisme est mentionné dans la Convention du Conseil de l'Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime et au financement du terrorisme, dans la Convention des Nations Unies contre la corruption et l'Arménie a pris certains engagements sur ce mécanisme de la part de la Commission MONEYVAL du Conseil de l'Europe en 2015.

A vrai dire, de mon point de vue, c’est un mécanisme qui peut et doit vraiment être mis en œuvre en Arménie, mais comme je l’ai dit, l’Arménie est un pays démocratique , et ici les décisions ne sont pas prises par une seule personne, et nous devons avoir des discussions sur cette institution et prendre une décision à la suite de ces discussions et, bien entendu, notre coopération avec le Conseil de l'Europe sera très utile à cet égard, afin que personne ne tentera de l'interpréter ni de l'utiliser comme un outil de persécution parce que cette page de notre pays, comme je l'ai déjà dit, était fermée de façon irréversible. Merci.

Question sur l'intervention extérieure dans les processus politiques en Arménie.

Premier ministre Nikol Pashinyan: Merci. Si vous avez remarqué, j'ai souligné dans mon discours qu'aucune force étrangère n'était impliquée dans la révolution en Arménie. Et vous savez, parfois, à ce propos, la société peut voir des débats assez étranges. Lorsque, par exemple, lors de mes visites ou conférences, certains essaient de dire qu’une révolution de couleur a eu lieu en Arménie, je souligne chaque fois qu'il n'y avait pas une révolution de couleur dans notre pays, mais une révolution d'amour et de solidarité. Ici, bien sûr, la question n’est pas dans le couleur, ni dans l’amour ni même plus dans la solidarité, mais dans le contexte politique. La question est qu'il n'y avait aucune implication de force politique extérieure dans notre révolution. Il est exclu que quiconque puisse démontrer l'implication de toute force externe dans nos processus internes. Et j’ai toujours dit que c’est une question de dignité nationale pour nous et personnellement pour moi et il est important de noter que la démocratie découle vraiment de la mentalité de notre peuple. Je pense que c'est la raison pour laquelle nous avons aujourd'hui la situation dont vous avez parlé. A vrai dire, il y a différents doutes sur ce que je viens de dire. Jusqu'à présent, il y a des publications dans les médias internationaux qui évoquent un contexte géopolitique, un contexte de politique étrangère, mais je pense que chaque jour, tout le monde est de plus en plus convaincu que tout s'est passé comme je l'ai dit et c'est très important. La révolution en Arménie n’est contre aucun pays, elle n’est contre aucune organisation. Le peuple arménien a fait une révolution pour son avenir libre et heureux et nous avons l’intention de développer nos relations avec tous nos partenaires internationaux. L’Arménie est membre de l’Union Économique Eurasiatique. Nous présidons cette organisation en ce moment et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour la rendre plus efficace. Nos relations avec la Russie sont de nature stratégique et nous ferons tout notre possible pour développer ces relations. En ce qui concerne le système de sécurité, nous sommes membres de l’Organisation du Traité de sécurité collective et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre notre participation plus efficace. Nous avons de bonnes relations avec l'Union européenne aujourd'hui pour la raison très concrete. La question est que le contenu de l'Accord de partenariat global et renforcé avec l'Union européenne coïncide parfaitement avec l'ordre du jour de notre gouvernement, avec l’ordre du jour de réformes que nous avons l'intention de mettre en œuvre dans notre pays. Merci.

Question: A votre avis, comment le Conseil de l'Europe contribue-t-il au développement des institutions démocratiques, de la démocratie, des droits de l'homme et de la liberté d'expression en Arménie?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Lorsque nous parlons de démocratie, de droits de l’homme, de liberté d’expression et d’idée qu’il s’agit de valeurs européennes avec laquelle je suis tout à fait d’accord, mais laissez-moi vous dire qu'avec ma perception et notre perception, ces valeurs sont également des valeurs arméniennes. Je veux dire, nous ne percevons pas la démocratie comme quelque chose que nous avons importé dans notre pays. C’est un système de valeurs qui découle de la mentalité de notre peuple et des aspirations de notre peuple. Si nous constatons ce fait, nous pouvons affirmer qu'aujourd'hui avec le Conseil de l'Europe, nous avons absolument les mêmes perceptions que ce qu'est la démocratie et comment elle devrait se développer. J'ai dit dans mon discours, bien qu'aucune force étrangère n'ait été impliquée dans la révolution, et c'est vrai, mais l'adhésion de l'Arménie il y a 18 ans, au Conseil de l'Europe et le travail conjoint réalisé au cours de cette période ont essentiellement contribué au développement d'institutions démocratiques en Arménie. Et à cet égard, j'estime bien que les activités du Conseil de l'Europe sont efficaces en République d'Arménie. Au moins j'ai noté qu'il y avait un moment personnel aussi: une fois, je n'ai pas été emprisonné grâce au Conseil de l'Europe et une fois, j'ai été libéré de prison grâce au Conseil de l'Europe. Je considère donc que cette coopération est très efficace et fructueuse. Merci.

Question: La communauté internationale est d'avis que les dirigeants des républiques de l'ex-URSS et les membres de leur famille ont accumulé de grandes richesses au cours de ces années. Votre gouvernement a mis au point un ambitieux programme anti-corruption. On sait également que le deuxième président de votre pays est actuellement en prison. Pouvez-vous nous dire exactement quel type d’événements vous avez planifié et quels résultats vous avez déjà enregistrés dans ce domaine?

Nikol Pashinyan: Merci pour la question. Quand je pense à la chose la plus importante que je devrais faire pour lutter contre la corruption, ma seule réponse est que moi-personnellement, je ne devrais pas être impliqué dans la corruption, car il n’existe plus d’outil fiable pour lutter de manière constante contre la corruption. Et il est très important que les gens le voient et le croient, parce que je ne pense pas qu'il y ait de Premier ministre dans le monde, ou le gouvernement qui dise que vous savez, oui, j'ai l'intention de m'engager lentement dans la corruption. Tout le monde dit qu'ils ne vont pas être impliqués dans la corruption, ils luttent contre la corruption. Et de ce point de vue, la crédibilité du gouvernement et de la parole du gouvernement deviennent très importants. Et c’est la raison pour laquelle je souligne toujours sur le fait qu’en tant que dirigeant de mon pays, ma mission a du sens tant que j'ai la confiance de notre peuple. Et cela signifie que cette confiance est la condition préalable la plus importante pour pouvoir lutter contre la corruption, car je pense que nous comprenons tous que la corruption, qui a régné depuis de nombreuses années en République d'Arménie, dispose de leviers, de moyens financiers, et peut s’inverser si la lutte contre elle se produit là où il n’ya pas de confiance entre le gouvernement et le public. Bien sûr, vous avez raison et donc, d’abord, à cet égard, moi, ma famille, mes proches, nous devons être l'objet d'une attention particulière. Je trouve très important que la transparence soit l’une des institutions les plus importantes en Arménie aujourd’hui et elle avance à grands pas. Je tiens à dire qu’il y a 10 jours, une affaire pénale a été intentée contre un de mes proches parents. Je ne veux pas violer la présomption d'innocence, mais ce fait que l'affaire sera examinée en toute légalité et en toute objectivité sont une preuve supplémentaire que nous allons dans cette direction avec confiance.

Question: Après avoir rejoint le Conseil de l'Europe en 2001, l'Arménie a déclaré son engagement en faveur d'un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh. Pouvez-vous dire quand vous allez remplir votre engagement dans les pratiques, découlant des résolutions et des documents adoptés par les organisations internationales.

Question: Monsieur le Premier ministre, une conférence des minorités religieuses et de la communauté LGBT était prévue à Erevan en novembre dernier. Toutefois, cela n’a pas été le cas en raison de l’opinion publique, notamment des pressions exercées par des politiciens, qui ont été inquiétés de la sécurité des participants. Cela témoigne des graves violations des droits des personnes LGBT, qui sont privées de la possibilité de réaliser leurs droits fondamentaux en Arménie. Quelles mesures votre gouvernement prend-il dans cette direction?

Premier ministre Nikol Pashinyan: En ce qui concerne le règlement du conflit du Karabakh par des moyens pacifiques, j’ai réaffirmé encore une fois notre engagement ici, devant vous. Je pense que le programme de paix et les propositions visant à apporter une résolution, à nos collègues azerbaïdjanais et à la société constituent une de nos tâches les plus importantes et je souligne que je suis heureux que nous ayons réussi à engager un dialogue juste, honnête et constructif avec le Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev. Malheureusement, nous n'avons pas encore d'idées générales sur les nuances et les mécanismes du règlement de la question du Karabagh, mais le fait que nous ayons créé une atmosphère de discussion constructive et franche est déjà très bien.

À notre avis, nous devons répondre aujourd'hui à plusieurs questions importantes pour renforcement institutionnel du programme de paix. L'une de ces questions est la mise en œuvre intégrale du format du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui implique également la participation des représentants du Haut-Karabakh au processus de paix, car il est très difficile à comprendre- comment nous allons régler le problème sans écouter la partie principale, sans lui parler.

Comme je l'ai dit dans mon discours, nos mesures visent à rétablir le dialogue entre l'Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh dans le cadre du coprésident du groupe de Minsk de l'OSCE. Beaucoup ne le savent pas, mais une réunion directe a eu lieu entre les dirigeants du Haut-Karabakh et de l'Azerbaïdjan. Cette pratique a excsisté. Les représentants élus du Haut-Karabakh ont toujours été impliqués dans le processus de négociation, on dit jusqu'en 1998, mais je peux affirmer que jusqu'en 2018, des représentants du Haut-Karabakh étaient présents au processus de négociation. N'oublions pas qu'avant de devenir président de l'Arménie, Robert Kotcharian avait été élu président du Haut-Karabakh, à la suite de quoi Serge Sarkissian avait présenté l'Arménie, mais il était également l'un des dirigeants du Karabagh. Et nous avons essentiellement une situation où le Haut-Karabakh était représenté à la table des négociations pendant le processus de négociation. Aujourd’hui, notre tâche est de créer les conditions afin que le dialogue entre le Haut-Karabagh et l'Azerbaïdjan ne soit pas interrompue. Et ceci est un engagement très important.

En ce qui concerne la communauté LGBT, j'ai dit que l’État de droit prévaut en République d’Arménie, et tous les citoyens de la République d’Arménie ont les mêmes droits et obligations. J'ai entendu parler de l'histoire que vous avez mentionnée mais à vrai dire, je ne peux pas dire pourquoi un tel événement a été annulé, pourquoi il était planifié, quand il l'a été et quel genre d'événement il s'agissait. Je ne suis au courant de ce problème que dans des quelques publications sur les réseaux sociaux et je n'en sais pas assez sur le sujet pour vous donner une réponse plus détaillée. Merci.

Question: Monsieur le Premier Ministre, votre élection a créé des attentes pour le règlement pacifique de la République du Haut-Karabakh. Vos déclarations sur le changement de format de négociation peuvent-elles être considérées comme un pas en arrière? Votre popularité en Arménie peut-elle donner espoir que vous ferez avancer votre pays en paix, en dépit des arguments de la diaspora arménienne et de la pression exercée contre les oligarques dans le pays?

Question: Pouvez-vous expliquer pourquoi l'Arménie s'oppose continuellement aux résolutions de l'ONU concernant l'agression de la Russie contre l'Ukraine et l'annexion de la Crimée?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Merci pour les questions, la première question concernait le format de la négociation. J'ai déjà dit que nous n'attendions absolument pas de changements dans le format des négociations et que cela ne correspond pas à nos souhaits et à notre logique. Le format, dans le cadre duquel se déroulent les négociations du règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh, est la coprésidence du groupe de Minsk de l'OSCE et lorsque nous examinerons l’histoire du Groupe de Minsk de l’OSCE et de sa création, nous verrons que la participation des représentants du Karabakh au processus de négociation était supposée. Non seulement cela a été supposé, mais également arrivé. Je viens de dire que, malheureusement, je ne me souviens plus de la date, mais je suppose que, en 1994-95-96, le président azerbaïdjanais Heydar Aliyev a rencontré le président du Haut-Karabakh, Robert Kocharyan. La rencontre a eu lieu à Moscou. Nous avons des documents pour cette communication en format trilatéral dans le cadre du groupe de Minsk de l'OSCE, c'est-à-dire non seulement trois coprésidents, mais aussi des représentants de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie et du Haut-Karabakh ont participé et il n'est absolument pas question de changer le format de négociation. Nous posons la question de poursuivre la discussion dans le même format de négociation car vous voyez- il y a un problème simple - ce n'est pas une condition préalable pour nous, ce n'est pas un caprice. Certains ont même essayé d'appeler cela une position destructrice, mais c'est tout le contraire, parce que nous disons- voulons-nous régler le problème ou ne le voulons-nous pas? Si nous voulons régler la question, comment pouvons-nous imaginer que la question du Haut-Karabakh puisse être réglée sans la participation du Haut-Karabakh, parce que le mot occupation est souvent utilisé, mais les habitants du Karabakh sont nés au Karabakh, ont vécu au Karabakh, leurs ancêtres ont vécu au Karabakh, leurs grands-pères ont vécu au Karabakh etc. Comment une personne peut-elle occuper le territoire où il est né, où son enfant est né et où sont nés, ont vécu et ont enterré leurs ancêtres. C'est pourquoi j'ai également dit dans mon discours que chaque conflit, chaque situation devait être examiné dans son essence, car il est clair qu'il existe de nombreuses nuances et nous proposons de nous asseoir à la table des discussions, de nous assoir avec la participation de toutes les parties du conflit, de discuter de toutes les nuances et de convenir que nous ne parlons pas de non-règlement du problème, mais du règlement, de convenir que notre ordre du jour n'est pas un ordre du jour de destruction mutuelle, mais il s'agit d'un ordre du jour visant à régler d'autres problèmes.Et nous sommes guidés par cette logique.

J'ai récemment proposé des initiatives apparemment étranges. Au cours de la conférence de presse, j'ai posé une question rhétorique publique à savoir si le président azerbaïdjanais ou les dirigeants n'ont rien à dire au peuple du Haut-Karabakh et de l'Arménie. Par exemple, je voudrais pouvoir m'adresser au peuple azerbaïdjanais et lui parler. Bien sûr, maintenant je le peux, mais je ne veux pas que ce soit unilatéral et soit considéré comme une démarche provocante. Je souhaite que cette conversation commence et se déroule entre les gouvernements, les peuples, les sociétés et les jeunes car notre ordre du jour est un ordre du jour de paix et nous ne posons pas la question du changement de format. Dans la même logique, je voudrais aussi répondre aux questions sur la Crimée et sur les résolutions. Vous savez, je viens d'assumer les responsabilités de dirigeant du pays, j'étais député et parfois il m'est étrange de voir comment les gens utilisent les tribunes créés pour la paix pour provoquer des guerres, aggraver les guerres et aggraver les conflits. Je pense que dans tous les cas, nous devrions rester dans la logique du dialogue. Il n'y a pas de conflit dans le monde aujourd'hui pour lequel je pense qu'il est juste de résoudre ce conflit en appliquant la violence les uns contre les autres. Les plates-formes internationales devraient également être utilisées dans cette logique et nous essayons de tout faire, je ne suis pas sûr que cela réussisse toujours parce que je dis que dans la plupart des cas, nous sommes dans une situation quand nos amis sont dans des deux côtés des conflits et des lignes, et il est très difficile de choisir entre ami et ami. Parfois, tu dois faire ce choix, mais notre choix, le choix global, est la paix, le dialogue, la stabilité et le développement. Sur le fait d'être pro-européen ou pro-russe: quand j'étais un politicien d'opposition, j'ai déclaré que je n'admettais pas qu'il devrait y avoir des forces politiques et des politiciens pro-russes, pro-européennes et pro-américaines en Arménie et en général dans tout autre État, parce que, par l'exemple de l'Arménie, je me considère comme un homme pro-arménienne. Et je pense que les hommes français devraient être pro-français, les hommes ukrainiens - pro-ukrainiens, et les hommes russes - pro-russes. Que veut dire être pro-arménien par logique internationale? Cela signifie que nous devons construire des relations constructives et positives avec tous nos partenaires internationaux et nous devons essayer de régler nos relations avec tous nos voisins. Merci.
 

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