Interviews et conférences de presse

Discours inaugural du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors de la conférence de presse

19.03.2019

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« Bonjour chers collègues!
Je suis heureux de vous voir.

Ceci est notre troisième conférence de presse dans ce format, si je ne me trompe pas, et, pendant ce temps, j’évitais autant que possible de répondre aux questions afin que notre réunion soit plus nécessaire. Avant de répondre à vos questions, je voudrais faire deux petites considérations et partager avec vous la nouvelle que j'ai reçues ce matin.

En février 2019, le volume des prêts hypothécaires en Arménie avait augmenté de 100% par rapport à février 2018. La croissance des prêts hypothécaires dans le cadre de nos programmes gouvernementaux a atteint 145% en février par rapport à février. En général, le volume du portefeuille de prêts hypothécaires dans le pays a augmenté de 30%, et les experts affirment qu'il s'agit d'une augmentation énorme. Je veux décrire la chaîne dans laquelle ces chiffres doivent avoir un impact sur la vie réelle. Cela signifie que dans un proche avenir, nous aurons une demande de construction. Cela, à son tour, créera de nouveaux emplois non seulement dans le secteur de la construction, mais également dans le secteur des matériaux de construction et dans le secteur des services, etc. Je pense que ceci est un indicateur très important qui, à son tour, conduira à la réduction du chômage et à la création de nouveaux emplois.

Je voudrais également vous informer qu’actuellement, au moins 89 projets d'investissement sont en cours de discussion avec le gouvernement, représentant un volume d'investissement d'environ 2,7 milliards de dollars en Arménie. 42 de ces programmes, d’un montant de 774 millions de dollars, sont actuellement à différents stades de mise en œuvre, tandis que d'autres en sont au stade de discussions actives. Cela signifie qu'il y a aussi une certaine augmentation de l'intérêt d'investissement dans le pays.

Le sujet suivant que je voudrais aborder est: vous savez que le 23 mars dans le pays sera une journée nationale du nettoyage et j'espère que nous participerons tous.
Naturellement, moi aussi, je vais participer. J'espère que nos citoyens participeront aussi activement à ces travaux. Je tiens à dire que l'un des plus gros problèmes au pays est le problème des ordures ménagères. J'ai déjà eu l'occasion de dire lors d’une séance du gouvernement que j'aimerais penser que les changements d'échelle révolutionnaires ont eu lieu dans le pays, si nous pouvons nettoyer notre pays des ordures et autres déchets, notamment des déchets d’automobile, de divers kiosques. Je suis heureux que ce processus ait déjà commencé.

En général, nous aurons l'occasion d'aborder les détails des activités du gouvernement au cours de la discussion du rapport sur la mise en œuvre du programme du gouvernement à l'Assemblée nationale. C'est pourquoi je n'aborde pas d'autres détails aujourd'hui.

Je voudrais dire que je suis venu ici pour répondre à toutes vos questions et j'espère que toutes les questions possibles seront entendues au cours de cette discussion car, à la lumière de l'expérience des précédentes conférences de presse, je sais qu'il y a des cas où, par exemple, certains sujets font beaucoup de discussions en ligne, dans l’internet, mais lors de la conférence de presse, je ne sais pas pourquoi il n'y a pas de questions sur ces sujets. J'espère que vous poserez toutes les questions possibles aujourd'hui - politique étrangère, politique intérieure, questions personnels, etc, parce que le but principal de cette conférence de presse est de faire en sorte que notre gouvernement, nous tous, ma famille, soyons transparents à 100% et responsables devant notre société.

Je vous assure qu'il n'y a pas de question que je n'aimerais pas entendre, et qu'il n'y a pas de question que je n'ai pas de réponse. Donc, si quelqu'un ne pose pas de questions, craignant que je ne puisse pas avoir la réponse à cette question, s'il vous plaît ne vous inquiétez pas - posez vos questions!

Merci».

Ensuite, le Premier ministre Nikol Pashinyan a répondu aux questions des journalistes et a évoqué le processus de règlement du conflit du Karabagh.

Site d'information «Tert.am», Tigranouhi Martirossian: Ma question concerne le règlement de la question de l'Artsakh. Bientôt, vous rencontrerez Ilham Aliyev sous l’egide du groupe de Minsk de l'OSCE. Est-ce que ce sera rencontre ou négociation? Et après votre déclaration connue selon laquelle Artsakh doit revenir à la table des négociations, vos opposants insistent pour que vous vous écartez de toute responsabilité, tandis que d'autres saluent votre idée selon laquelle vous ne pouvez pas négocier à la place de l'Artsakh. Enfin, combien de temps l'Arménie est-elle prête à attendre? L'Azerbaïdjan n'émet aucun signal positif, et si l'Azerbaïdjan n'est pas d'accord avec le retour d'Artsakh à la table des négociations, que fera l'Arménie?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Il n’est pas nécessaire d’attendre, dans le processus diplomatique, il est juste nécessaire de travailler avec esprit de persévérance. Ce que l’on dit publiquement n’est pas une nouvelle pour les coprésidents du groupe de Minsk ni pour nos homologues azerbaïdjanais, car ce que nous avons dit au cours de tous les contacts durant cette période, du moins j’ai proposé cet ordre du jour. C'est le même ordre du jour, qui a été formé en mai 2018. Et nous continuons avec le même ordre du jour. Et je veux enregistrer une nuance importante. Comme je l'ai déjà indiqué à Stepanakert, ce n'est ni un caprice ni une condition préalable de notre part. Nous poursuivrons les discussions sur ce sujet avec nos partenaires et nous essaierons de poursuivre cette discussion sur le terrain de l’argumentation, parce que les négociations s’appellent négociations parce que nous nous écoutons.

En tout cas, l’Arménie s’est montrée capable d’écouter l’autre, d’essayer de le comprendre, et on attend la même chose de leur part. Lorsque nos partenaires considèrent que notre position peut être trop rigide, nous pouvons l'atténuer, mais nous devons avoir les mêmes attentes de la part de nos partenaires, car la conversation ne se poursuivra pas autrement. D’ailleurs, j'ai fait ma première déclaration à ce sujet à l'Assemblée nationale en tant que candidat au poste de Premier ministre en mai 2018 et, le lendemain de mon élection, j'ai été à Stepanakert et j'ai fait la même déclaration la-bas. Cette série de déclarations n’est pas un défi, elles sont une invitation au dialogue, un dialogue, et ce dialogue ne vient pas de commencer. Le dialogue a commencé à Douchanbé, s'est poursuivi à Saint-Pétersbourg, puis à Davos, et ensuite, je ne sais pas où aura lieu. Et nous n’imaginons pas un régime dans lequel l'une des parties dirait qu'il refuse de dialoguer. Ce ne sera pas une approche logique, nous n'abandonnerons naturellement pas le dialogue. Pendant ce dialogue, nous allons présenter nos arguments et écouter attentivement les contre-arguments de nos collègues. Et je pense qu'une solution ou une continuation constructive et efficace devrait être dans cette logique.

«Azg», Marietta Khatchaurian: Et j'aurais demandé une toute petite précision concernant le problème de l'Artsakh: Si Aliyev dit constamment qu'ils n'acceptent pas votre disposition, indiquant que le retour d'Artsakh est un changement de format, dans quel cas vous continuerez à insister sur ce contre-argument à l'avenir?

Nikol Pashinyan: Le problème le plus étrange et le plus mal interprété du problème de l'Artsakh est le suivant: On dit qu'il s'agit d'une proposition de changement de format de négociation. Ce n’est pas seulement Aliyev qui dit cela, il y a aussi des gens en Arménie qui le pensent. Et je tiens à préciser que ce n'est pas une proposition de changement de format de négociation, mais bien une proposition de restauration du format de négociation, et je souhaite donc présenter quelques faits.

Premier fait: Dans le document adopté par la Commission de la sécurité et de la paix de l'OSCE, qui a été renommée OSCE, il était clairement indiqué que des représentants élus du Haut-Karabagh et d’autres représentants seront invités à la conférence en tant que parties prenantes. C'est toujours l'état embryonnaire du processus de négociation.

Ensuite, en mai 1994, l'accord de cessez-le-feu a été signé par trois parties et dans cet accord signé par le ministre de la Défense azerbaïdjanais Mammadov, le ministre de la Défense arménien Sarkissian et le commandant des Forces armées du Karabagh, Babayan, est clairement écrit que les parties au conflit signent. En d'autres termes, le ministre azerbaïdjanais de la Défense a signé un document avec le ministre arménien de la Défense et le commandant de l'Armée de défense du Haut-Karabagh. D’ailleurs, après mon élection au poste du Premier ministre, quand j'ai dit dans une interview ou dans un discours que les parties au conflit sont le Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan et l'Arménie, Les républicains ont fait du bruit, ils disent, comment l’Arménie peut-elle être partie au conflit, alors que le document, qui indique clairement que l’Arménie est une partie au conflit, a signé le chef de leur parti?

Ensuite, la Déclaration du Sommet de Budapest de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été adoptée le 21 décembre 1994, dont l'un des paragraphes est consacré au conflit du Haut-Karabagh et dans ce paragraphe, les États participants saluent l'accord de cessez-le-feu conclu par les parties au conflit. En d'autres termes, l'OSCE a adopté ce document comme base de ses actions.

Ensuite, il s’agit de la continuation les uns des autres, c’est-à-dire du développement de processus. Ensuite, le document de Budapest de l'OSCE a été suivi du résumé du président en exercice de l'OSCE, László Kovács. Ce document est le résumé des résultats de la réunion du Président en exercice de l'OSCE tenue le 31 mars 1995 à Prague. Le Président en exercice de l'OSCE a réaffirmé les résolutions antérieures de l'OSCE sur la situation de conflit, notant la participation des deux parties et d'une autre partie au conflit (participation du Haut-Karabakh au processus de négociation et à l'assemblée de Minsk). En d’autres termes, c’est le format de négociation qui a été convenu et reconnu au niveau international. Et donc, ceux qui disent que ce que je dis est un changement de format de négociation, ne sont pas bien informé sur le format de négociation.

Quotidien «Joghovourd», Naira Hovhannissian: En continuant le thème du conflit de l'Artsakh, lors de la séance commune des Conseils de sécurité, vous avez indiqué que dans un avenir proche, l'objectif le plus important devrait être de clarifier les trois principes et les six éléments. Comment imaginez-vous, maintenant, dans cette situation, dans quelle mesure ces principes sont acceptables ou, en générale, ces principes sont-ils acceptables ou non?

Nikol Pashinyan: Pour comprendre notre attitude à l’égard de ces principes, nous devons comprendre ce qu’ils signifient, parce que nous avons du texte et nous avons des dizaines d'interprétations de ce texte, et ces interprétations sont faites au niveau étatique. Dans mon discours, j'ai dit qu'il est très important de comprendre quelle interprétation devait être prise comme base pour la poursuite des négociations, car les interprétation qui donne l'Azerbaïdjan sur les principes énoncés sont inacceptables pour nous. Bien sûr, nous pouvons donner nos interprétations, mais nous ne le faisons pas parce que notre problème n’est pas dans une logomachie.

Nous voulons que les co-présidents, les représentants de l’Azerbaïdjan, les représentants de l’Arménie, les représentants du Karabakh comprennent ensemble ce que ces principes signifient, ce qu’ils peuvent signifier dans la pratique. Par exemple, l'Azerbaïdjan interprète ces principes de la manière suivante: Cela signifie que le Karabagh devrait faire partie de l'Azerbaïdjan. Ceci est une interprétation, et peut-il y avoir une telle interprétation que le Karabagh devrait être un État indépendant; ou bien que le Karabagh devrait faire partie de l'Arménie, etc.?

Autrement dit, tant que nous ne serons pas convenus de la portée possible de la conversation ou de ce dont nous parlons, nous ne nous comprendrons pas. D’ailleurs, , ces questions que j'ai formulées, pourquoi je n'en ai pas parlé en mai 2018? Pour une raison très simple car, au cours de cette période, ce besoin est apparu à la suite de discussions avec le président de l'Azerbaïdjan, les coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE et d'autres partenaires internationaux. Il existe différentes interprétations, certaines publiques et d'autres non publiques.

Oui, il y a des partenaires internationaux, je ne peux pas simplement me référer à eux, qui disent que ces principes signifient que le Karabagh ne peut pas faire partie de l'Azerbaïdjan. Quelqu'un d'autre dit que non, cela signifie évidemment que le Karabakh ne peut pas être en dehors de l'Azerbaïdjan. La troisième personne dit la troisième chose: quatrième, la quatrième. Je suis une nouvelle personne dans les négociations et je veux comprendre qui a raison, qui a tort.

Je vais ouvrir un tel secret aussi: Après mon élection en tant que Premier ministre avec le ministre des Affaires étrangères nous avons rencontré le ministre des Affaires étrangères, Edward Nalbandian, et lui avons demandé de nous fournir des informations. Ce processus est en cours, quand j'ai dit, ils disaient ce que vous parlez à Aliyev, des scénarios de tous les complots possibles, des sources fiables m'ont dit avant la rencontre ce qui s'était passé. J'ai dit que la conversation portait sur l'historique du processus de négociation, car, en tant que nouvelle personne dans le processus de négociation, j'ai de nombreuses questions et même avec les chefs d'État, j'ai discuté de ces questions, qu'il y ait de telles interprétations dans cet épisode, quelle est la véritable interprétation maintenant, il y a une telle information sur cet épisode, laquelle des informations est correcte.

On dit que c'était effectivement le cas ici, car je dois comprendre ce qui se passe. Il est important de comprendre ce que tout signifie, chaque mot, chaque étape. Tout cela, ce dont nous parlons n’est pas un caprice, mais une nécessité, et, oui, j’ai naturellement reçu énormément d’informations, mais cette énorme quantité d’informations crée également le besoin de nouvelles informations car ce processus est très complexe. a beaucoup de nuances. Quand quelqu'un veut être impliqué dans les négociations, il doit maîtriser toutes les informations, comprendre l'importance du processus.

Ilham Aliyev est dans le processus de négociation depuis plusieurs années. Les coprésidents -aussi, la seule personne nouvelle, c'est moi, et bien sûr, je dis poser des questions. Je pense que personne ne s'attend à ce que je vienne et dise que rien ne m'intéresse. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires. C'est le dialogue, si tout est clair pour tout le monde, quel est le sens du dialogue? Le dialogue a pour but de clarifier de nombreuses questions et la réunion à venir, du moins selon nous, sera consacrée à une série de clarifications déjà consignées officiellement, car il y a tellement d'informations contradictoires - que s'est-il passé à Kazan? Que signifie cette déclaration? Que s'est-il passé à Vienne? Que s'est-il passé à Key West?

Si tout le monde dit à l'unanimité qu'à Kazan il y avait ça, à Key West il y avait ça et à Vienne il y avait ça, dans ce cas, aucune question ne se poserait, mais combien de personnes, il y a tellement d'interprétation. Par conséquent, des questions se posent. Et ces questions devraient être clarifiées. En tant que nouvelle personne impliquée dans le processus de négociation, je dois avoir des réponses à toutes ces questions, et j'espère que nos partenaires me soutiendront afin que je puisse obtenir des réponses à ces questions.

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