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La Turquie est retournée dans le Caucase du Sud pour continuer le génocide arménien» - Interview de Nikol Pashinyan au Globe and Mail

02.10.2020

Le Premier ministre Nikol Pashinyan a accordé une entrevue au journal canadien quotidien «The Globe and Mail», dans lequel il a évoqué la situation le long de la ligne de contact Karabakh-Azerbaïdjan. L’article d'entretien du Premier ministre est présenté ci-dessous.

" L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont au bord d'une guerre totale contre le Haut-Karabakh. Dans une interview exclusive accordée au Globe and Mail, M. Pashinyan a déclaré que son pays était sur une «ligne de front civilisationnelle » - et que des pays comme le Canada qui sont alliés à la Turquie, via l'OTAN, doivent décider de quel côté ils se trouvent.

Nikol Pashinyan a déclaré que la Turquie encourageait la tentative de l'Azerbaïdjan de regagner, à travers une guerre à grande échelle, le Haut-Karabakh, une région à majorité arménienne qui a été sous le contrôle des forces ethniques arméniennes locales après la guerre sanglante du début des années 1990. Il a déclaré que la Turquie avait envoyé des mercenaires syriens pour aider la partie azerbaïdjanaise, ce qui est également confirmé par la Russie et la France. M. Pashinyan a ajouté que l'armée de l'air turque avait également attaqué les positions arméniennes.

"Les forces armées turques sont directement impliquées dans les hostilités", a déclaré M. Pashinyan par téléphone depuis la capitale arménienne d’Erevan. "Les alliés de l'OTAN de la Turquie devraient expliquer pourquoi les avions F-16 tirent sur des villes et des villages du Haut-Karabakh, tuant des civils."

Jeudi, le bureau du Président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il s'était entretenu par téléphone avec le Président russe Vladimir Poutine et que tous deux «partageaient des inquiétudes concernant l'envoi de mercenaires syriens par la Turquie au Haut-Karabakh».


M. Pashinyan a également appelé les pays occidentaux à reconsidérer les ventes d'armes à la Turquie, après que le Globe ait rapporté des allégations selon lesquelles des systèmes L3Harris Wescam (Burlington, Ontario) qui ont été vendus à la Turquie, étaient utilisés par la partie azerbaïdjanaise lors de ces dernières hostilités.

Il a déclaré que le rôle de la Turquie dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan devait être considéré dans le contexte de l’implication de la Turquie dans les conflits en Syrie et en Libye, ainsi que dans la position «agressive» de la Turquie envers la Grèce et Chypre au sujet des frontières maritimes de la mer Méditerranée.

M. Pashinyan a déclaré que son gouvernement est en contact permanent avec la Russie et que le comportement de la Turquie crée des problèmes pour l'ensemble de la communauté internationale.

Jeudi, la France, la Russie et les États-Unis ont publié une déclaration commune appelant les parties à revenir immédiatement au cessez-le-feu et à reprendre des négociations de fond et sans conditions préalables. Cependant, l'appel à un cessez-le-feu a été rejeté par le président turc Recep Tayyip Erdogan.

M. Pashinyan a déclaré qu'il a salué l'appel à un cessez-le-feu et a condamné le rejet par la Turquie.

"Les terroristes importés du Moyen-Orient se battent aux côtés de l'Azerbaïdjan avec le soutien de la Turquie. Comment pourrait-on proposer maintenant de laisser la population du Haut-Karabakh sans protection face aux terroristes et aux extrémistes? " Il a dit. " Un cessez-le-feu ne peut être établi que si la Turquie est retirée du Caucase du Sud."

M. Pashinyan a qualifié Erdogan comme un dirigeant avec des rêves de restaurer l'Empire ottoman, qui a détruit sa population arménienne dans les massacres et les déportations perpétrés pendant la Première Guerre mondiale. " Cent ans se sont écoulés et la Turquie est retournée dans le Caucase du Sud pour poursuivre le génocide arménien " a souligné Nikol Pashinyan.



 

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