Interviews et conférences de presse

Dans cette situation, la réponse appropriée serait la reconnaissance de l'indépendance du Haut-Karabakh par la communauté internationale. Nikol Pashinyan à Tv5Monde

08.10.2020


Le Premier ministre Nikol Pashinyan a accordé une interview à la chaîne de télévision française Tv5Monde, qui est présentée ci-dessous.

Tv5Monde – Il y a 12 jours maintenant les affrontements entre des forces armées azerbaïdjanaises et les forces séparatistes du Haut-Karabakh, l’enclave soutenue par l'Arménie. Entretien spécial avec le Premier ministre de la République d’Arménie, Nikol Pashinyan.
Bonsoir, Monsieur le Premier Ministre, merci de nous avoir accordé cette interview en direct d’Erevan, de la capitale de l’Arménie. La première question- Tout le monde suppose après 12 jours affrontements est-ce que vous avez appelé ce soir à un cessez-le-feu au Karabakh.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Vous savez, durant ces événements de ces derniers 12 jours, en réalité je fais l'appel à la communauté internationale et à l’Europe. Je pense que ce qui suit s'est produit: l'Azerbaïdjan a commencé une attaque, une guerre à grande échelle contre le Haut-Karabakh et cette guerre a commencé grâce aux efforts de la Turquie et sa participation directe.
La Turquie a également transféré des mercenaires de Syrie vers l'Azerbaïdjan pour combattre au nom de l'Azerbaïdjan contre le Karabakh. Et maintenant, les Arméniens du Karabakh sont en danger existentiel, face à un risque de génocide, face à une attaque terroriste. Aujourd'hui, des villes pacifiques et des infrastructures civiles, dont la capitale du Haut-Karabakh, Stepanakert, sont bombardées 24 heures sur 24. Et dans cette situation, alors que le Karabakh est confronté à une crise humanitaire, à une menace de génocide…


Tv5Monde - Le mot bien attendu, et très fort. Le génocide c’est la destruction méthodique un des group humain. Est-ce que vous avez des preuves de planification. Parce que vous avez accusé de la Turquie dans ce sujet.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Vous savez, ce qui se passe à l’heure actuel au Karabakh en est la preuve, car qu'est-ce que cela signifie, et pourquoi les terroristes sont-ils venus au Karabakh, et pourquoi les colonies pacifiques sont-elles bombardées 24 heures sur 24? Et je dis que cent ans plus tard, la Turquie revient dans le Caucase du Sud pour finir la politique de génocide du peuple arménien. Dans le même temps, il est évident pour moi que cela a une raison géopolitique spécifique, car les Arméniens Caucase du Sud sont dernier obstacle sur le chemin de la Turquie à s'étendre au nord, à l'est et au sud-est.

Et cela doit être replacé dans le contexte de la politique que la Turquie mène en Méditerranée à l'égard de la Grèce, de Chypre, de la politique qu'elle mène en Libye, en Syrie et en Irak - c'est une politique de restauration de l'empire turc. Et en fait, je suis convaincu que c'est la question qui est en train d'être résolue dans le Caucase du Sud. Et je dis dans les interviews à tous les médias européens que si l'Europe et la communauté internationale ne prennent pas cette situation au sérieux, nous devrions attendre la Turquie près de Vienne dans un avenir pas trop lointain. Et pour conclure avec l'idée que j'ai développée en réponse à la première question, je tiens à dire que la réponse appropriée dans cette situation serait que les pays européens, la communauté internationale, les pays spécifiques trouvent leur force en eux-mêmes, franchissent une étape décisive et reconnaissent l'indépendance du Haut-Karabakh.

Tv5Monde - M. Pashinyan, vous avez ces derniers jours, à la télévision en uniforme militaires. Est-ce que vous avez devenu un chef militaire en ce moment?

Premier ministre Nikol Pashinyan- -Vous savez que la loi martiale a été déclarée en Arménie? Pendant la loi martiale, le Premier ministre du pays a certaines obligations. Et quand j'étais dans ces habilles parce que vous avez mentionnés, j'ai visité le Haut-Karabakh, la zone militaire, il serait illogique d'aller dans la zone militaire en costume et cravate. Permettez-moi de dire qu’il ne s’agit pas des habilles militaires, ce sont des vêtements aux civils.

Tv5Monde - Vous avez parlé de la Turquie, Monsieur le Premier Ministre. Il y a un autre grand acteur dans la région, il s'agit de la Russie, qui entretient des relations particulière avec l'Arménie, mais aussi avec l'Azerbaïdjan. Pour eux, Vladimir Poutine reste sourd, mais il est en appelle avec vous. Qu'avez-vous demandé au président de la Russie?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Tout d'abord, nous sommes en contact permanent avec le président de la Fédération de Russie et la Russie a plusieurs rôles ici. Premièrement, le pays est coprésident du groupe de Minsk de l'OSCE, et d’autre par la Russie a certaines obligations en matière de sécurité. Arménie et la Russie entretient des relations alliées stratégiques dans le domaine de la sécurité. À cet égard, la Russie a certaines obligations en matière de sécurité envers la République d'Arménie et, hier, le Président de la Fédération de Russie a déclaré publiquement que la Russie se remplira de ses obligations en matière de sécurité envers la République d'Arménie si c’était nécessaire.

Tv5Monde - L'Azerbaïdjan et son allié la Turquie, M. le Premier ministre, se référant au droit international, se réfèrent aux résolutions de l'ONU. Ces deux pays parlent d’une occupation de votre par au Haut-Karabakh. Que répondez vous a cet argument, donc, base sur l’égalité internationale?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Encore une fois, nous arrivons à une situation où beaucoup de personne parlent des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU en 1993, mais peu des gens les ont vraiment lu attentivement ce qui est écrit dans ces résolutions. Les résolutions indiquent que l'Azerbaïdjan, a violé de l'accord international de cessez-le-feu, a subi des pertes territoriales, à la suite desquelles les forces d'autodéfense du Haut-Karabakh ont dû se défendre, c'est-à-dire répondre à la violation du cessez-le-feu. Beaucoup disent citer l'Arménie dans ce contexte, mais les résolutions du Conseil de sécurité ne disent rien sur l'implication de l'Arménie. Je voudrais souligner à nouveau que les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ont été adoptées en 1993, dans une situation extrêmement concret, elles concernait à cette situation extrêmement concret. Et depuis, le format de négociation pour le règlement du conflit du Haut-Karabakh a eu lieu. Nous parlons des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui ont proposé une certaine résolution et travaillé pour parvenir à un règlement du conflit.

Tv5Monde - Monsieur le Premier ministre, les discussions ont débuté aujourd'hui à Genève dans le cadre du groupe de l'OSCE Minsk, dans lequel la France est également impliquée. Je dois mentionner que l’Arménie, à son tour, fait partie de l’Organisation internationale de la Francophonie. Et le dernier sommet de la Francophonie a été d’ailleurs chez vous à Erevan, en Arménie. Qu'attendez-vous du président Emmanuel Macron ?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Tout d'abord, je voudrais souligner la reconnaissance du peuple arménien, de l'Arménie et du Haut-Karabakh, face aux positions sincères, honnêtes et fondées sur la vérité du président français. Je peux honnêtement dire que j'attends du Président français qu'il reconnaisse l'indépendance du Haut-Karabakh, car les préoccupations soulevées par Emanuel Macron, il n'y a tout simplement aucun autre moyen de répondre à ces préoccupations dans la situation actuelle, car cela pourrait se transformer en une tragédie humanitaire majeure. Mais qui peut propager ses rayons terroristes, ses vagues terroristes au sens large dans notre région? Et, bien sûr, il s'agit d'une menace directe pour la sécurité mondiale, étant donné la politique de facteurs et de la Turquie. Je m'attends vraiment à ce que la France reconnaisse directement l'indépendance du Haut-Karabakh.

Tv5Monde - Merci pour l'interview.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Je suis reconnaissant.

 

 

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