Communiqués de presse
La promotion de la resilience face à la manipulation de l’information doit commencer par l’éducation : discours du Premier ministre Pashinyan
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Le Premier ministre Nikol Pashinyan a participé, dans le cadre du 8ᵉ Forum de Paris sur la Paix, à une conférence internationale de haut niveau sur l’intégrité de l’information et les médias indépendants. L’événement a également réuni le président français Emmanuel Macron, la présidente de la Moldavie Maia Sandu, le Premier ministre d’Albanie Edi Rama, le président du Ghana John Dramani Mahama, entre autres.
Le Premier ministre Pashinyan a pris la parole et notamment déclaré :
« Monsieur le Président Emmanuel Macron,
Monsieur le Président John Dramani Mahama,
Madame la Présidente Maia Sandu,
Monsieur le Premier ministre Edi Rama,
Madame la Commissaire,
Chers amis,
Permettez-moi tout d’abord d’exprimer ma sincère gratitude au Fonds international pour les médias au service de l’intérêt public et au Forum sur l’information et la démocratie pour l’organisation conjointe de cette importante conférence, ainsi qu’à la France et aux autres partenaires pour leur soutien inestimable.
C’est un grand honneur de prendre la parole à cette conférence, à un moment où l’intégrité de l’espace informationnel et l’indépendance des médias sont mises à l’épreuve comme jamais auparavant. Il ne s’agit pas seulement de défis techniques ou sectoriels, mais de questions fondamentales qui touchent au cœur même de la démocratie, de la paix et du développement durable. En tant qu’ancien journaliste, ce sujet m’intéresse particulièrement.
La promotion de médias pluralistes, transparents et indépendants est essentielle pour l’Arménie, comme pour toute démocratie. Les gouvernements doivent créer toutes les conditions nécessaires pour garantir la véritable indépendance des médias. Cependant, à notre époque, l’indépendance des médias ne doit pas seulement être protégée vis-à-vis des gouvernements.
Face aux tendances croissantes de manipulation et d’ingérence de la part d’acteurs extérieurs, protéger l’indépendance des médias devient également une question de sécurité nationale. Cela renvoie à la mission même des médias et à leur nature : de quoi les médias doivent-ils parler et quel doit être leur objectif ? Je crois que le rôle des médias est de servir l’intérêt public dans tous les domaines, depuis la reddition de comptes des gouvernements jusqu’à la lutte contre la corruption et la promotion des réformes.
Il faut souligner qu’après la Révolution de velours de 2018, l’Arménie a réalisé des progrès significatifs dans tous les indices internationaux reconnus de liberté de la presse. Selon l’Indice mondial de la liberté de la presse, de 2019 à 2024, l’Arménie est passée de la 80ᵉ à la 34ᵉ place sur 180 pays en matière de liberté de la presse.
Nous continuons à renforcer notre environnement médiatique et à préserver l’intégrité journalistique comme bien public essentiel, en étant conscients que la démocratie n’est pas un objectif final mais un combat permanent pour protéger et consolider les principes sur lesquels elle repose.
En même temps, nous devons reconnaître la gravité des défis actuels : menaces hybrides, croissance exponentielle de l’intelligence artificielle, brouillage des frontières entre vérité et mensonge, et transformation de la désinformation en arme. Ces menaces ne sont pas abstraites : elles sont réelles, immédiates et globales. Elles mettent à l’épreuve les fondements de la gouvernance démocratique, la confiance publique, polarisent les sociétés et affaiblissent les institutions démocratiques de l’intérieur.
Le paysage informationnel actuel, par sa rapidité et son ampleur inédites, exige un engagement renouvelé de notre part à tous. L’intelligence artificielle se développe et la manipulation du contenu devient de plus en plus complexe. Nos efforts conjoints doivent se concentrer sur la protection de la vérité, la défense du journalisme indépendant et la construction de sociétés informées mais non désorientées.
La manipulation et l’ingérence de l’information par des acteurs extérieurs constituent une préoccupation croissante pour la sécurité dans le monde. Nous estimons que surmonter ces menaces nécessite une véritable coopération entre des États partageant des valeurs fondamentales telles que les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit, et étant mutuellement engagés en faveur d’un ordre international fondé sur des règles.
Dans ce contexte, nous considérons que la promotion de la résilience face à la manipulation de l’information doit commencer par l’éducation, car le développement des technologies a complètement transformé la notion traditionnelle des médias. Chacun de nous, avec un smartphone en main, a désormais la capacité de créer de l’information. Cela souligne l’importance de la littératie médiatique pour chaque individu.
Nous avons besoin d’une éducation qui, aux niveaux cognitif, socio-émotionnel et comportemental, promeuve des valeurs telles que l’absence de discrimination, le respect de la diversité et les droits d’autrui, indépendamment de leur origine ethnique ou de leur religion. En même temps, c’est précisément l’éducation, en tant qu’outil puissant pour former les jeunes générations, qui peut être utilisée à de mauvaises fins si elle est détournée.
Nous devons également encourager un véritable dialogue entre nations, communautés et générations. Un dialogue inclusif, fondé sur les faits et le respect mutuel. Dans un monde où tant de dialogues risquent de se transformer en monologues parallèles, nous avons besoin d’un dialogue dont l’amélioration n’a pas encore de limites visibles. L’Arménie est prête et souhaite apporter sa contribution à cet effort collectif.
Nous réaffirmons notre engagement indéfectible à protéger les médias libres et indépendants, à défendre l’espace numérique et, avec tous nos partenaires internationaux, à promouvoir un espace informationnel mondial fondé sur la vérité, la transparence et le respect. Reconnaissant l’importance des écosystèmes d’information sains partout dans le monde, l’Arménie prévoit également de rejoindre le Fonds international pour les médias au service de l’intérêt public en tant qu’État membre focal de la région.
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite exprimer ma sincère gratitude aux organisateurs et aux participants de cette importante conférence pour leur engagement en faveur de la vérité, de la transparence et de la liberté d’expression. Les discussions qui se tiendront ici contribueront sans aucun doute à renforcer notre compréhension commune et nos capacités collectives à relever les défis complexes auxquels fait face l’espace informationnel mondial.
Je suis convaincu que, grâce à un dialogue constant, à la coopération et au respect mutuel, nous pouvons construire des sociétés résilientes, fondées sur la vérité et les valeurs démocratiques.
Je souhaite à la conférence et à tous ses participants des débats fructueux et plein de succès dans les travaux importants qui les attendent.»












