Discours et messages

L’intervention du Premier ministre Nikol Pashinyan à l'Assemblée générale des Nations Unies

26.09.2018

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Le Premier ministre Nikol Pashinyan a prononcé un discours à la 73ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

"Monsieur le Président de l'Assemblée générale,
Vos Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Mesdames et Messieurs,

C’est un grand honneur de prendre la parole devant vous en tant que leader qui est récemment devenu Premier Ministre de la République d’’Arménie à la suite d’une révolution populaire, connue sous le nom de “Révolution de velours”.

Je voudrais aborder brièvement notre victoire contre le régime autoritaire. Le peuple arménien a réussi une révolution imprévisible et sans précédent, sans aucune violence, aucune victime ou aucun désordre public.

Et ce n'était pas un hasard. Notre objectif était de faire une révolution d'amour et de solidarité. Dès le début, nous avons annoncé que nous exclurions toute violence. Nous avons déclaré que même s'ils utilisent la violence contre nous, nous ne répondrions pasà la violence par la violence. Nous avons déclaré que notre réponse serait avec les mains levées et ouvertes, avec sourire et amour.

Nous avons commencé ce processus politique avec seulement une douzaine de personnes. Nous avons marché de la ville de Gyumri jusqu’à la capitale de l'Arménie. Lorsque nous sommes arrivés à Erevan et que nous avons montré notre détermination et notre dévouement au principe de non-violence, notre nation tout entière s'est levée contre le régime en place, dans l'unité et dans la solidarité. Et nous l’avons remporté exclusivement par des manifestations pacifiques, sans coup de feu et sans victimes. Nous avons réussi à désavouer toutes les prévisions. Même les experts les plus connus étaient sceptiques quant à notre victoire.

Néanmoins, j'ai été élu Premier ministre. J'ai été élu dans un parlement où je n'avais que quatre voix sur lesquelles je pouvais compter d’une manière sûre et certaine, y compris la mienne. Mais cela a été possible. Cela est arrivé, parce que les gens l’exigeaient, et le Parlement a obéi à la volonté du peuple sans en avoir l’alternative. Aujourd'hui, le Parlement continue à fonctionner, mais il ne représente pas la volonté de notre peuple comme c’était déjà le cas avant et pendant la révolution. Pourquoi est-ce le cas ? La réponse est courte. Parce qu'il a été élu par des violations flagrantes du processus électoral, y compris l'utilisation de ressources administratives et de pressions.

Les élections au conseil municipal d’Erevan ont été un test important pour des élections vraiment libres, équitables et compétitives, juste avant mon départ pour New York. Le fait que, depuis l'indépendance de l'Arménie pour la première fois, tous les candidats ont félicité le candidat gagnant, parle d'une culture politique complètement nouvelle en Arménie.

Nous préparons les élections législatives anticipées de la même manière. Des élections libres, équitables et transparentes - cela devrait devenir une réalité irréversible en Arménie, ce qui conduira à la mise en place des institutions démocratiques fortes et dynamiques, et à des contrepoids réels. Protéger les droits de nos citoyens, garantir la liberté de parole, de conscience et de rassemblement est l'un des points clés de notre agenda.

Je tiens à souligner que la situation en Arménie n’est pas simplement un changement de Gouvernement ou de parti au pouvoir․ Maintenant, un nouveau système politique et de gouvernance est créé que nous appelons pouvoir direct et gouvernance démocratique populaire. Pour mettre ce système sur une base institutionnelle, nous avons l’intention de garantir la volonté de la population non seulement par le biais d’élections, mais aussi par le biais de référendums locaux et nationaux, afin que les gens soient impliqués dans le processus de prise de décision. En tant qu'ancien prisonnier politique, je sais combien il est valeureux de soulever des problèmes et de déterminer son propre avenir. Prenant ses responsabilités, notre équipe a une vision claire et une forte volonté politique pour mettre en œuvre des réformes fondamentales visant à éliminer la corruption, à assurer une gouvernance transparente, responsable et efficace, garantir le respect des droits de l'homme et la primauté du droit, l'indépendance du système judiciaire, et à promouvoir la croissance économique grâce à un environnement favorable aux investissements.

Monsieur le Président,

Malgré des changements radicaux dans la vie politique intérieure, notre programme de politique étrangère n’a pas subi de tournants décisifs. La continuité de la politique étrangère de l’Arménie témoigne du fait que l'Arménie est un partenaire prévisible et fiable. Nos engagements internationaux ne sont pas sujets à révision. Notre position est claire ; l’Arménie est prête à un dialogue constructif et à une coopération avec tous les partenaires. Nous n'avons pas l'intention de développer nos relations avec un partenaire au détriment d'un autre. Nous comprenons l’importance du multilatéralisme aux niveaux mondial et régional.

Sous les auspices des Nations Unies, l’Arménie participe à des programmes de coopération globaux et viables. Permettez-moi de mentionner notre participation aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont la géographie est plus qu'impressionnante, de l'Afghanistan au Liban, au Kosovo, au Mali, etc. Ceci est particulièrement important pour notre pays, qui a de sérieux problèmes de sécurité. Nous sommes conscients que la sécurité de notre pays est étroitement liée à la sécurité des autres pays et que la paix mondiale exige une action concertée. Nous sommes vraiment une nation mondiale, avec des centaines de communautés de la Diaspora. D’où - les préoccupations de l'Arménie face aux menaces mondiales qui peuvent mettre en danger nos compatriotes du monde entier. En raison de la crise syrienne, l'existence de la communauté syro-arménienne est actuellement en cause. L'Arménie tente de parvenir en aide dans les régions en crise par le biais de l'aide humanitaire. Nous sommes prêts à élargir la mission humanitaire de l’Arménie pour répondre aux besoins urgents de notre communauté syrienne. En tant que rescapés du génocide, les Arméniens sont plus sensibles à la sécurité de leurs voisins et sont prêts à tout faire pour les protéger.

Monsieur le Président,

Le règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh continue à occuper une place primordiale dans notre programme de politique étrangère. Le statut et la sécurité de la République d'Artsakh consisterons la priorité absolue de la République d'Arménie dans le processus de négociation. Toute tentative de résoudre le conflit par des moyens militaires constitue une menace directe à la sécurité régionale, à la démocratie et aux droits de l'homme. L’Arménie poursuivra sa participation constructive au règlement pacifique du conflit par le format de la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE doté par l’unique mandat internationalement reconnu pour le règlement du conflit du Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan devrait changer son attitude irrespectueuse à l’égard des négociations, abandonner complètement l’idée de toute solution militaire et appliquer tous les accords antérieurs.

En outre, si l’Azerbaïdjan est véritablement attaché au processus de paix, il devrait entamer un dialogue avec le principal sujet de ce conflit, à savoir le Haut-Karabakh. L'Azerbaïdjan annonce à chaque occasion que le Karabakh devrait faire partie de son territoire. En même temps, il annonce qu'il ne négociera pas avec le Haut-Karabakh. Le problème est de savoir comment l’Azerbaïdjan peut avec des prétentions envers le Haut-Karabakh sans même dialoguer avec lui.

Est-ce possible ? C'est possible si les dirigeants azerbaïdjanais s’intéressent non pas à la population mais au territoire. Ainsi, cela devient évident que l'intention des dirigeants azerbaïdjanais est de vider des Arméniens le Haut-Karabakh, comme cela s'est produit déjà à Nakhijevan. Cela donne le droit au Karabakh de dire que faire partie de l'Azerbaïdjan signifierait une extermination complète de la population du Karabakh. Par conséquent, le Karabakh ne devrait pas faire partie de l’Azerbaïdjan si personne ne veut permettre un nouveau génocide du peuple arménien.

Enfin laissez-moi confirmer : le conflit ne peut et ne doit être réglé que par des concessions mutuelles des parties, non pas dans l’atmosphère de la guerre mais de la paix.

Et j'estime important d'exprimer ma gratitude au Secrétaire général des Nations Unies pour son soutien inconditionnel aux efforts et aux approches des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE.

Monsieur le Président,
Le thème de nos consultations, « L’ONU pour tous », suggère une approche cohérente de l'Agenda 2030 et des objectifs de développement durable. L’Organisation des Nations Unies et son programme de développement doivent être harmonieux et accessibles à tous. Personne ne devrait être négligé, ce qui est censé être à la base de nos efforts collectifs.

Au début du mois de juillet, lors du Forum politique de haut niveau, l’Arménie a présenté son premier rapport national sur les objectifs de développement durable. Cet événement important a coïncidé avec les développements politiques historiques caractérisés par des processus démocratiques actifs et des réformes à grande échelle.

L'Arménie s'engage à créer des plateformes innovantes qui visent à accélérer le développement du Plan d'action pour le développement. À cet égard, nous reconnaissons le rôle indispensable de l’ONU et de ses institutions spécialisées, ainsi que l’importance de la coopération avec d’autres partenaires. En tant que membre de l'ECOSOC et membre du Conseil des droits de l'homme, l'Arménie encouragera une croissance inclusive et durable, ainsi que la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

Mesdames et Messieurs,

L’année 2018 marquera le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, deux importants instruments relatifs aux droits de l’homme.

Chacun de ces documents a sa propre histoire et chacun d’eux est devenu la pierre angulaire du développement du droit international.

Ils nous ont servi de base pour lancer une série de conférences mondiales sur le crime de génocide. Cette année, elle sera consacrée à la prévention du génocide par l’éducation, la culture et les musées ; nous attendons votre contribution et votre participation actives.

Mesdames et Messieurs,

« Vivre ensemble » est le thème du 17ème Sommet de l'Organisation Internationale de la Francophonie qui va se tenir en octobre prochain à Erevan, Capitale arménienne, âgée de deux-mille-huit-cents ans. C’est un grand honneur et un privilège pour l’Arménie de faire partie de la grande famille francophone, de promouvoir la tolérance et le respect mutuel à travers la coopération dans le domaine de la culture, de l’éducation et de l’innovation. Je réitère une nouvelle fois nos invitations au Sommet de la Francophonie avec plusieurs manifestations prévues dans le même cadre.

Je vous remercie. "

Le Premier ministre Pashinyan a également participé à une discussion de haut niveau sur les "Actions de maintien de la paix" au siège des Nations Unies.
 

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