Discours et messages

Nikol Pashinyan: « En cas de guerre imposée à nous, nous imposerons la paix »

08.04.2019

Le Premier ministre Nikol Pashinyan a abordé diverses questions liées au processus de négociation du règlement du conflit du Haut-Karabakh lors d’une conversation avec des journalistes à l’Assemblée nationale, le 8 avril. La séance des questions-réponses est présentée ci-dessous.

Question: Monsieur le Premier ministre, lors de l'Assemblée de l’Union des volontaires de Yerkrapah, vous avez déclaré que vous alliez répondre à l'ordre du jour de la guerre par l'ordre du jour de la paix. Il est intéressant de savoir à quel point l'ordre du jour de la paix a été discuté lors de la rencontre avec le leader azerbaïdjanais

Premier ministre Nikol Pashinyan: J'ai dit que l'ordre du jour de Stepanakert avait été pleinement discuté à Vienne.

Question: C'est-à-dire que les négociations ont été efficaces.

Premier ministre Nikol Pashinyan: Qu'attendons-nous en disant efficace? Si nous regardons avec cette logique, aucune négociation n’est efficace tant que la question du Karabakh n’a pas été réglée. Mais dans la déclaration commune des coprésidents et des ministres des affaires étrangères il a été dit que la rencontre s'est passée dans une atmosphère constructive et positive. Et nous avons tous approuvé ce texte. Quand vous dites efficace, que voulez-vous dire? Cela peut aussi être interprété comme inefficace tant que le problème n'est pas réglé.

Question: Après la déclaration du ministre de la Défense, ils disent que l'Arménie veut la guerre. La partie azerbaïdjanaise l’interprète de cette façon.

Premier ministre Nikol Pashinyan: Chers collègues, moi et pas seulement moi, nous avons à plusieurs reprises fait référence à ce sujet. Nous disons quoi? nous disons: ne nous faites pas peur avec la guerre parce que nous n'avons pas peur de la guerre. La déclaration du ministre de la Défense n’a rien d’illogique et de destructif. Naturellement, si quelqu'un a déclenché une guerre contre nous, est-ce que quelqu'un pense que l'Arménie se rendra? Certainement pas. Celui qui le pense est naïf. Nous sommes le partant numéro un pour que la question du Haut-Karabagh soit réglée exclusivement par le biais des négociations pacifiques. Et nous avons dit que nous ferions tout notre possible pour faire avancer ce programme de paix. Si nous parlons constamment du programme de paix, que personne n’ait l’impression que nous avons peur de la menace de guerre. Tant nous pouvons avoir peur de la menace de guerre, tant l’Azerbaïdjan peut en avoir peur, et en général, la région a quelque chose à craindre, tout le monde a quelque chose à craindre. En cas de guerre imposée à nous, nous imposerons la paix. Et le but de notre guerre ne sera pas la guerre, le but de notre guerre sera la paix, et ce ne sera pas notre guerre, nous n'allons pas lancer d'opérations militaires contre qui que ce soit, mais si quelqu'un commence une opération militaire, nous le forcerons à la paix. Mais il n'est pas nécessaire de parler de guerre avant chaque processus de négociation. Tel est le message, lorsque nous parlons de guerre, nous soulignons l’importance du processus de négociation et notre engagement à l’égard du processus de négociation.

Question: En 2016, des discussions et des réunions ont eu lieu entre Serge Sarkissian et Ilham Aliyev, mais en fait, nous avons vu que l’ennemi a déclenché la guerre de quatre jours. Ces négociations sont-elles une garantie que l’Azerbaïdjan ne tentera plus de prendre de telles mesures?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Regardez, la déclaration des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE et de deux ministres des Affaires étrangères indique que les parties, en se référant aux accords de Douchanbé, sont convenues de maintenir et de renforcer le régime de cessez-le-feu. Ceci est notre accord politique. Y a-t-il une possibilité que nous rompions cet accord politique? Non. Il n y a pas une telle possibilité mais si quelqu'un viole brusquement cet arrangement politique, cela ne signifie pas que nous ne nous défendrons pas. Et j'espère que mon homologue d’Azerbaïdjan ne rompra pas cet accord.

Nous sommes parvenus à un accord très précis et avons enregistré cet accord en présence des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE. C'est ça le sujet, mais qu'y a-t-il dans nos principes? Exclure non seulement le recours à la force, mais aussi la menace de recours à la force. Et nous attirons simplement l’attention de chacun sur le fait que, malheureusement, l’Azerbaïdjan utilise occasionnellement la menace de la force comme facteur de négociation. Nous disons simplement ceci, ne l'utilisons pas, car si vous continuez à l’utiliser, nous l’utiliserons également, et quel sera le résultat?

Créons un ordre du jour de paix et travaillons suivant cet ordre du jour. C'est ce que nous voulons. Comme je le dis en Arménie qu'il ne faut pas interpréter notre politesse en tant que faiblesse, je constate ainsi sur la scène internationale que notre attachement à la paix ne doit pas être interprété comme une faiblesse ou une peur de qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Nous n'avons aucune peur, du tout.

Question: Et quand les mesures humanitaires annoncées seront-elles visibles et sous quelle forme?

Premier ministre Nikol Pashinyan: En ce qui concerne les mesures humanitaires, j'espère que nous pourrons garantir la sécurité des travaux des paysans. Et nous sommes prêts à garantir que nos troupes ne tirent pas sur des personnes civiles, en particulier ceux engagés dans des travaux agricoles. Si l’Azerbaïdjan réaffirme cette volonté, nous pouvons le faire. Il existe également d'autres activités humanitaires possibles, mais les bénéficiaires doivent également être en mesure de tirer parti de cette opportunité.

Question: Et en ce qui concerne les visites des proches aux prisonnier?

Premier ministre Nikol Pashinyan: Oui, je pense que nous sommes très proches de cette opportunité, mais il y a une nuance aussi: nous ne savons pas si les familles azerbaïdjanaise et arméniennes veulent profiter de cette opportunité. Parce que je n'exclus pas que pour une raison quelconque, pas seulement politique, mais simplement personnelle, les gens ne veulent tout simplement pas saisir cette opportunité. C'est compréhensible, n’est-ce pas, ce n'est pas une décision facile.

Je voudrais dire encore une fois que le texte qui a été publié après la rencontre à Vienne au nom des coprésidents et des ministres des Affaires étrangères, bien sûr, j’ai la vu d’avance et j'ai donné mon consentement. Je confirme chaque mot prononcé là-bas. Oui, la discussion a été constructive et positive, et je pense que la déclaration du ministre de la Défense n’est pas du tout hors de cette logique.

D’ailleurs, rappelez-vous, j'ai dit à quelques reprises l'an dernier que nous serions adéquats à la situation, car il n'y a pas d'autre option. Nous ne serons en aucun cas destructifs, nous serons adéquats à la situation

Lors de la dernière conférence de presse, ai-je dit, quel est notre problème? Notre tâche est d'être audible et nous sommes prêts à écouter nos partenaires. J'ai même apporté un exemple concret. Oui, il peut arriver que nos partenaires pensent que notre position dans une nuance est extrêmement dure, oui, nous pouvons même assouplir notre position afin de faire progresser l’ordre du jour de paix. Mais cela ne peut pas être unilatéral.

Question: Monsieur le Premier ministre, avez-vous commencé les négociations à partir du point où Serge Sarkissian s'est arrêté.

Premier ministre Nikol Pashinyan: Non, je n'ai pas commencé à partir de ce point. J'ai commencé les négociations non pas à partir du point de Serge Sarkissian, mais de mon propre point. C’est une nuance très importante.

← Retour à la liste d'actualité